PNACC3 : synthèse des cahiers d’acteurs Mondes des Associations, des Autorités de contrôle, des BTP, des Réseaux (infrastructures) et de l’Agriculture
Le monde Associatif [Les Shifters, UICN, WWF, Oxfam, Citepa, AFPNCT, Le Collectif (LPO, WWF, Canopée, FNE), CEPRI] a principalement argumenté son propos sur 2 dimensions : - Le PNACC doit être mis en cohérence avec les autres stratégies nationales (SFEC, SNBC, SNB, Plan Eau) de sorte que la vue soit systémique et non silotée, que les […]

Damien Bourgeois

janvier 29, 2025


person in blue denim jeans and yellow boots standing on water

Le monde Associatif [Les Shifters, UICN, WWF, Oxfam, Citepa, AFPNCT, Le Collectif (LPO, WWF, Canopée, FNE), CEPRI] a principalement argumenté son propos sur 2 dimensions :

- Le PNACC doit être mis en cohérence avec les autres stratégies nationales (SFEC, SNBC, SNB, Plan Eau) de sorte que la vue soit systémique et non silotée, que les actions envisagées soient dédoublonnées d’un plan à l’autre, et que les co-bénéfices soient recherchés entre atténuation et adaptation. Cela conduit également à recommander que les mesures du PNACC3 aient un poids de prescription et que les études d’impacts, de vulnérabilités ou de coûts-bénéfices des projets qui font évoluer les territoires, soient envisagées en considérant les gains globaux de l’adaptation (externalités positives dans la durée)

- Les Solutions Fondées sur la Nature (SFN) doivent être privilégiées et donc les instruments d’analyses comme les réflexes d’instruction des projets révisés en ce sens. La restauration est à ce titre envisagée comme un bénéfice à prendre en compte avec les indicateurs de mesures qui conviennent [UICN] et des outils facilitant l’adoption de ces Solutions. Les exploitations agricoles, les entreprises et les collectivités qui en font le choix devraient alors être incitées, que ce soit par le biais de la relocalisation des crédits carbones, d’écoPTZ ou encore la rémunération des bénéfices induits sur la qualité de l’eau, la préservation des sols, de même que la réduction des pollutions ou des inondations.

Si la planification remporte les suffrages des associations, elles insistent aussi sur l’objectif de réduction des vulnérabilités, la vulnérabilité des bâtis, celle des espaces naturels notamment les forêts et les milieux aquatiques ou encore des populations les plus fragiles qui sont aussi les plus exposées, notamment en Outre-mer.


Le Monde des autorités de contrôle du système financier [Banque de France-ACPR, CDC]

Si l’assurabilité en France ne semble pas en jeu d’ici 2050 [Banque de France], le renchérissement de l’assurance du fait des conséquences du dérèglement climatique est évident. Il convient donc de trouver les solutions et les financements publics et privés qui incitent chaque acteur et chaque projet a augmenté son adaptation. Pour ce faire, de nouveaux instruments doivent être créés, par ex des obligations « vertes » dédiées à l’adaptation et les co-bénéfices priorisés dans tous les projets.

Les informations sur les entreprises vont être augmentées d’éléments qui décrivent la « performance d’adaptation » au même titre que l’impact climat. La norme, le reporting extra-financier et les incitations à l’adaptation par la finance publique doivent permettre de modifier les approches et les agences de l’Etat doivent être mobilisées pour accompagner le geste d’ingénierie de la prévention, notamment auprès des collectivités.

Les assureurs devraient être parties prenantes en considérant l’adaptation à l’aune des gains en sinistralité qu’elle engendre.


Le Monde des BTP [FFB, FNTP, OID, Bouygues, Vinci]

Le monde des BTP souhaite que la planification permette de définir des horizons d’investissements compatibles avec la temporalité des constructions.

En ce qui concerne les infrastructures le COI devrait pouvoir établir une feuille de route et les actions qui en découlent, déclinées dans chaque bassin versant (l’Eau est un élément majeur des investissements à entreprendre) de gouvernance et budget pour 10 ans avec une analyse qui met en lumière les externalités positives et négatives en priorisant l’adaptation [Vinci].

Les travaux qui sont conduits pour la rénovation thermique dans le cadre de la RE2020 mériteraient de challenger les indicateurs utilisés qui semblent non efficients. De même, il conviendrait qu’il y ait des normes qui couvrent l’ensemble des aléas auxquels nous devons faire face pour sécuriser les constructions, en s’appuyant sur des cartes et des données qui tiennent compte des connaissances établies sur le changement climatique.

Par ailleurs, les travaux urbains sur les ICU sont à mettre en regard des bénéfices possibles sur les bâtiments environnants. Il en est de même dans le traitement des eaux pluviales qui doivent être gérées à la parcelle pour d’un côté éviter des ruissellements et de l’autre profiter de la ressource. C’est tout aussi vrai lorsque l’on investit sur les parcelles en matière de végétation. Ces effets combinés doivent faire l’objet d’incitations pour les favoriser.


Le Monde des Réseaux [EDF, Enedis, ALEC, UIE, SNCF, FFT, UTPF]

Les opérateurs de réseaux, télécoms, énergéticiens, transports publics, gestion de l’eau, se retrouvent sur plusieurs points :

- La nécessité d’investissements qui sont, comme pour les infrastructures, extrêmement conséquents pour augmenter l’adaptation ; ces investissements doivent privilégier les effets combinés sur l’atténuation et pour ce faire être incités notamment les Solutions Fondées sur la Nature, même si ces dernières peuvent apparaître immédiatement plus onéreuses,

- Le besoin de rapprocher les intervenants, énergéticien et télécoms, données climats (avec la nécessité de dépasser la seule TRACC pour respecter les standards internationaux) et modélisations, organisations des territoires et vision d’ensemble ; cela induit des besoins en compétences notamment dans les territoires pour appréhender la complexité systémique et tenir compte également des singularités locales,

- Ces structures ont toutes une dimension d’Opérateur d’Importance Vitale, au sens même que lui donne l’Europe, mais ce n’est pas forcément le cas dans le traitement qui est fait dans la loi française ; cela peut engendrer des difficultés alors que chaque entité est indispensable à l’autre et que les réseaux sont aussi souvent en « première ligne » des impacts,

- Il y a une absolue nécessité d’instances de concertation entre les opérateurs pour que les investissements tout comme la maintenance et la préparation de la crise soit optimum ; dans ce contexte les retours d’expériences sont également nécessaires pour faire évoluer les dispositifs (cf Ciaran),

- Les évolutions récentes permettant de considérer les différentes dimensions de l’eau utile aux fonctionnements des activités (REUT notamment) vont dans le bon sens, mais des efforts doivent encore être faits pour augmenter la préservation de la ressource que ce soit dans son transport en évitant les pertes dans les réseaux, et dans l’emploi de l’eau pluviale à la parcelle ; la réglementation doit encore évoluer pour optimiser la gestion de nos besoins devant une ressource qui se raréfie et la France doit aussi s’appuyer sur les capacités de financement de l’Europe qui a mis le sujet de l’Eau haut dans son agenda,


Le Monde Agricole [FNSEA, Chambres d'Agriculture France, La Coopération Agricole]

Le sujet de transformation de l’agriculture est au centre des réponses formulées. Cela comprend deux dimensions :

- Une dimension de court terme de sorte que la transition puisse s’opérer sans "violence" et en se préparant ; cela comprend un besoin de poursuite de l’évolution du régime d’indemnisation assurantiel (MRC) de sorte que les exploitants soient couverts dans l’immédiat ; c’est aussi vrai pour les matériels pris en charge par les coopératives ; dans ce même esprit, il convient de permettre une aide à la gestion de l’eau sur les parcelles pour que les cultures ne souffrent pas du stress hydrique ; cela induit aussi une choc de formations pour la filière, en ce compris les chambres d’agricultures, les enseignants et toutes personnes qui accompagnent l’agriculteur au quotidien, en tirant partie de la démographie des exploitations avec un fort renouvellement des populations actives dans la décennie à venir ; ce choc de formations doit permettre de revoir les techniques employées pour favoriser l’agroécologie, le "respect" des sols et l’emploi modéré des intrants,

- Une vision de moyen terme dans un modèle renouvelé, incluant la société dans son ensemble dans les attentes liées à l'alimentation, et le positionnement de l’agriculture en tant que secteur exportateur ; cela comprend alors une vision de l’agriculture comme contributrice active à la protection des environnements et la réduction des impacts des catastrophes naturelles notamment les inondations en étant rémunérée pour ce faire, que ce soit dans les infrastructures (ZEC), la maintenance de circulation de l'eau (curage de cours d’eau) ou les bénéfices induits par des SFN (haies, milieux humides, etc).

(crédits photo ; ninjason1 sur freepik.com)

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